Des vastes études pancanadiennes menées par l’Institut universitaire de gériatrie de Montréal ont récemment démontré que les problématiques auxquelles les organismes de santé publique accordaient le moins d’importance en termes de prévention, de dépistage et d’information étaient en réalité celles qui préoccupaient le plus les aînés.
Les problématiques au sommet des préoccupations
Parmi les principales préoccupations des hommes et femmes âgés, on retrouve sur le podium les handicaps moteurs, la perte de mémoire et les effets secondaires des médicaments. En fait, les inquiétudes majeures des aînés concernent tout ce qui pourrait compromettre leur autonomie et leur qualité de vie, comme en témoignent d’ailleurs d’autres préoccupations comme la perte de vision, la perte d’audition et les chutes.
Là où c’est vraiment préoccupant, c’est que les quelque 5000 hommes et 5000 femmes ayant été interrogés dans le cadre de l’enquête affirment que ces préoccupations n’ont que rarement été soulevées par les divers intervenants en soins de santé. Par exemple, pour 88 % des femmes et 64 % des hommes, la perte de mémoire constitue une préoccupation très importante. Or, ce ne sont que 9 % des hommes et femmes qui estiment avoir reçu l’information ou le counselling appropriés. De l’avis des aînés, des problématiques comme la dépression, les soins de fin de vie, l’anxiété, le vieillissement normal et l’incontinence devraient faire partie des questions abordées par les professionnels de la santé, ce qui n’est peu ou pas le cas actuellement.
Hommes et femmes se préoccupent-ils des mêmes choses?
Dans les faits, oui. Mais les femmes sont en général plus inquiètes que les hommes. Par exemple, les handicaps moteurs, la perte de mémoire et les effets secondaires des médicaments sont aussi les trois principales préoccupations des femmes, mais dans des proportions respectives de 88, 86 et 88 % (hommes : 64, 64 et 63 %). Cette différence peut s’expliquer, notamment, par le rôle traditionnellement dévolu aux femmes relativement aux soins et à la santé de la famille.
Disparité entre préoccupations et information
On peut se réjouir du fait que des problèmes de santé comme les accidents vasculaires cérébraux, les maladies cardiaques, le diabète et la pneumonie fassent l’objet d’une prise en charge jugée appropriée, même s’ils ne sont pas des préoccupations majeures pour les aînés.
Mais comment expliquer cet écart entre les préoccupations des aînés et celles du milieu de la santé? Deux explications sont possibles. D’une part, on pourrait croire que l’information et la prise en charge contribuent à réduire le stress lié à un problème de santé en particulier. D’autre part, on peut émettre l’hypothèse que les instances de santé publique jugent plus important d’aborder des questions liées aux maladies représentant un risque pour la vie plutôt que d’autres relevant davantage du maintien de l’autonomie.
De l’avis de plusieurs groupes de défense des droits des aînés, il conviendrait cependant d’agir sur les deux tableaux. Or, les pénuries de médecins de famille ne sont pas étrangères aux lacunes en termes de suivi et de counselling…
Sources
Ce que les femmes moins jeunes souhaitent, www.wowsante.ca/propos.html [consulté le 3 mars 2012].
Cara Tannenbaum, «Effect of age, education and health status on community dwelling older men’s health concerns», The Aging Male, 2011.