Les aînés du Québec sont-ils de plus en plus déprimés? Difficile à dire… Peut-être plutôt qu’ils sont de plus en plus capables de parler de leurs difficultés. Une chose est sûre, le nombre d’ordonnances d’antidépresseurs remises à des aînés a grimpé de manière radicale récemment.
En effet, selon la Régie de l’assurance maladie du Québec (RAMQ), les médecins prescrivent de plus en plus d’antidépresseurs aux aînés et la hausse est démesurée. Selon le Journal de Montréal du 26 septembre dernier, en 2015, « 4 647 065 ordonnances ont été remises à des gens de 65 ans et plus assurés par la RAMQ ». C’est 56 % de plus qu’en 2010!
Le vieillissement de la population n’explique pas cette hausse à lui seul, puisque le nombre de personnes de 65 ans et plus a augmenté de seulement 20 % durant la même période.
Pas seulement pour la dépression
Dans le Journal de Montréal, toutefois, une médecin explique que les antidépresseurs ne sont pas prescrits seulement pour traiter la dépression. Pour traiter l’angoisse, il semble que certains antidépresseurs sont préférables aux anxiolytiques, car ces derniers « peuvent créer une dépendance et accroître le déclin des fonctions cognitives et les chutes ». Des antidépresseurs seraient aussi parfois appropriés pour traiter la douleur neuropathique.
Chercher la source du problème
Pour ce qui est de l’angoisse et de la dépression, certains organismes considèrent que les médecins se tournent trop souvent vers la prescription d’antidépresseurs aux aînés. On dénonce le fait que les spécialistes de la santé ne cherchent pas plutôt à trouver la vraie source du problème.
Les nombreux deuils des aînés
Il est vrai que la dépression n’arrive pas toujours toute seule. Elle peut prendre source dans diverses épreuves qui s’imposent aux gens âgés, comme les deuils. La perte d’un être cher amène un deuil qui peut être très lourd à porter, bien sûr. Et il y a les autres deuils, comme chez une personne dont l’ouïe ou la vue diminue. La dégénérescence maculaire, par exemple, forcera graduellement une personne à faire le deuil de plusieurs choses qu’on a tendance à tenir pour acquises : la perte de son permis de conduire et de toute l’autonomie que celui-ci procurait, la soudaine incapacité à lire, tant dans les simples tâches quotidiennes comme l’épicerie que pour la lecture en tant que loisir, etc.
Dire adieu à son autonomie ou à ses loisirs préférés représente des changements très difficiles à surmonter pour bien des gens. Pour ces deuils-là comme pour la perte d’un être cher, nous ne sommes pas tous équipés de la même manière pour nous relever par la suite.
Veillons sur nos proches
Il est important pour la famille et les proches des gens âgés de tenir compte de ces aspects de la vie et de tenter de prévenir la dépression ou l’anxiété avant même que celles-ci s’établissent ou prennent de l’ampleur. L’isolement est vécu de diverses façons par les gens. Les aînés que vous aimez se sentent-ils seuls? Il vaut la peine de le vérifier. Parfois, une visite et un coup de fil à l’occasion peuvent faire une belle différence!
Si la distance ou d’autres aspects de la vie nous empêchent d’offrir une présence suffisamment fréquente ou régulière auprès des aînés qui nous sont proches, des services d’aide sont disponibles et peuvent s’avérer très rassurants à l’occasion.
Soyons à l’écoute!
Sources
Cogéco Nouvelles, « Augmentation démesurée de prescriptions d’antidépresseurs », 26 septembre 2016.